"Sainte Françoise" selon Louis XIV en manteau d'hermine peu apres son mariage
Françoise
d'Aubigné est née le 24 novembre 1635 à la prison de Niort, geôle de son
père le fils du non moins célèbre Agrippa d'Aubigné. Née catholique, elle
passera sa petite enfance chez Mme de Vilette sa tante huguenote à Mursay.
Ensuite, elle va avec ses parents à la Martinique où son père est nommé
gouverneur de Marie-Galante, séjour qui lui vaudra le surnom de "belle
indienne". A son retour , elle est prise en charge par Mme de Neuillant sa
marraine qui la place immédiatement chez les Ursulines afin qu'elle soit de
nouveau convertie au catholicisme. En avril 1652, à l'âge de seize ans, elle
épouse le paralytique poète Scarron de quarante-deux ans son aîné, protégé
de Mme de Neuillant à qui elle répondit lors de cette offre inattendue pour
une jeune fille sans dot " J'aime mieux l'épouser qu'un couvent." A
vingt-cinq, elle devient veuve et si Scarron lui a inculqué une grande culture,
il la laisse sans le sou. De son mariage Françoise a gagné l'art de plaire et
en a conservé les relations, ainsi Anne d'Autriche sollicitée par des amis
communs accorde à la veuve Scarron une petite pension. A la mort de la reine
mère, sa pension est rétablie par une
Mme de Montespan non encore favorite ;
les deux femmes se sont rencontrées chez le maréchal d'Albret proche de
Scarron. Si Athénaïs de Montespan pense à elle pour devenir la gouvernante
des bâtards royaux, c'est que la veuve Scarron a su la divertir et qu'elle est
discrète mais aussi et surtout parce que Françoise sait bien que l'on gagne
toujours à servir le roi. Gouvernante, elle le devient en 1669 à la naissance
d'une première fille puis un second enfant arrive en 1670, peu après le
décès du premier enfant, elle s'installe à Vaugirard et quitte brusquement la
scène du monde et y rencontre pour la première fois le roi qui s'y aventure
pour voir ses enfants. Elle réapparaît à la cour en 1673 lors de la
légitimation des bâtards royaux. Sa véritable relation avec le roi débute en
1675, d'ailleurs
Louis XIV
écrit dans son journal "il y a quelques jours, un gentilhomme de gris
vêtu, peut-être un prince errant incognito entreprit durant la nuit une nymphe
égarée dans le parc de Saint-Germain. Il savoit le nom de cette nymphe qu'elle
étoit belle, bonne, pleine d'esprit mais sage. La nymphe cependant se laissa
faire et ne lui refusa aucune faveur. Cette nymphe ressemblait à s'y méprendre
à Mme Sc. ; et je crois deviner qui étoit le prince vêtu de gris. Ce prince
est comme moi, il déteste les femmes légères, il honnit les prudes, il aime
les sages.", sa faveur commence à se déclarer lorsque en 1675, le
roi la nomme "Mme de Maintenon", balayant ainsi le vieux poète
Scarron. Par la suite tout s'accélère, sa faveur grandit, elle forme avec le
roi le vrai couple parental des bâtards dont le duc du Maine. En 1683, la reine
Marie-Thérèse meurt, le roi épouse Mme de Maintenon dans la nuit du 9 au 10
octobre 1683. Ce mariage reste secret mais le doute plane sur la cour, Ezechiel
Spanheim, ambassadeur de Brandebourg, écrit que "ce commerce (entre le roi
et la marquise), qu'on attribua longtemps qu'à une pure estime et aux seuls
agréments de l'esprit et de l'humeur de la dame, a paru si grand et si
particulier dans la suite, que le bruit sourd se répandit que le roi l'avait
épousée secrètement (...). Cette créance qui fut d'abord prise pour une ces
chimères de cour à tourner en ridicule un attachement si extraordinaire dans
la suite n'a point paru mal fondé à la plupart des gens mais avoir même
d'assez grands préjugés pour l'affirmer. Ceux qui en sont persuadés (...) ne
peuvent que l'imputer au penchant du roi à la dévotion, à une mortification
de ses sens, à une pénitence de ses amours criminels, et à une conduite
particulière par où elle a su engager en premier lieu toute l'amitié et la
confidence de Sa Majesté, et en suite , par crainte de retomber en ses
faiblesses passées, ou par la considération même de ses infirmités suivies,
la porter ( si ces bruits sont véritables) à en faire non seulement sa
confidente mais sa femme légitime.".
Elle fait planer sur la cour une ère
de dévotion et de rigueur, d'ailleurs les historiens se sont beaucoup
interrogés et s'interrogent encore sur le rôle réel joué par Mme de
Maintenon, accusée de tous les maux (révocation de l'Edit de Nantes, par
exemple, dont nous savons qu'elle ne fut en aucun cas responsable), il convient
de modérer son influence auprès du roi, même si sa présence a pu jouer
parfois un rôle non négligeable. Le roi crée pour elle Saint Cyr, maison
d'éducation des jeunes filles nobles pauvres, lieu où elle se retirera à la
mort de son mari en 1715 et y mourra le 15 avril 1719.